Legir e escriure l’occitan.
Origine : Appartenant à la famille des langues romanes (italien, roumain, français, castillan, catalan, portugais) l’occitan a une tradition littéraire (troubadours …), il obéit à une grammaire et possède des tournures syntaxiques qui lui sont propres. Avec le catalan il partage le fait de ne pas jouir d’un statut de langue officielle ce qui a eu diverses conséquences comme l’absence d’un standard pour la langue (dialectes existants non effacés) et une codification de l’orthographe tardive. La plus grande partie de son territoire se situant dans l’état français l’officialité de son écriture s’est arrêtée avec l’Edit de Villers-Cauterets (1539). L’orthographe s’est alors perdue remplacée par une écriture phonétique variable selon la situation géographique en raison des divers dialectes et influencée par le français.
Orthographe : Il fallut attendre la seconde moitié du dix-neuvième siècle pour avoir une réforme orthographique avec la création du Félibrige (1854). Cette graphie attribuée à tort à Mistral est encore utilisée de nos jours plus spécialement en Provence. Ce n’est qu’un siècle plus tard, (après 1945) conscients de divers inconvénients de cette graphie, en particulier parce qu’elle ne tenait pas compte à la fois des différents dialectes érigeant en standard la prononciation de Maillane (droit de chef d’œuvre puisque lieu de naissance de Mistral auteur de Mirèio) et des sons spécifiques à la langue, que des linguistes comme Louis Alibert vont mettre sur pied une orthographe adaptée à la langue. Sans rentrer dans les détails, les idées directrices vont être de tenir compte des différents dialectes et des sons spécifiques à la langue en s’appuyant à la fois sur les écrits anciens et en comparant avec l’évolution au cours du temps des autres langues romanes. Le catalan qui a établit son orthographe un peu plus tôt avec le linguiste Pompèu Fabre aidera grandement à cette tâche. C’est cette orthographe que nous utilisons ici et qui est à l’heure actuelle la plus usitée y compris en Provence.
Cette introduction nous aide à combattre quelques idées reçues comme : ce qui n’est pas écrit en graphie classique est du provençal. Par exemple, l’œuvre du poète provençal Aubanel peut se trouver en graphie classique ce qui ne change rien au texte, il en va de même pour les nîmois Bigot, Aimé Serre, Jòrgi Gros, ou Robert Lafont. Cette orthographe présente compte tenu à son adaptation aux sons spécifiques à la langue, quelques différences avec l’écriture du français.
Spécificités de l’occitan : l’occitan possède un accent de mot, on doit pouvoir à la lecture repérer la syllabe tonique (dernière ou avant-dernière)
Les diphtongues sont sonores contrairement au français.
La voyelle marquant le féminin n’a pas d’équivalent français.
Avec ces règles que nous préciserons la mise en pratique ne demande qu’un minimum d’apprentissage.
L’alphabet : Par rapport au français, la voyelle « y » et les consonnes « k » et « w » ne sont pas utilisées. Pour les voyelles rappelons que l’accent aigu marque la fermeture et l’accent grave l’ouverture.
5 voyelles : a : initiale ou à l’intérieur d’un mot comme en français : ex : amistat, batre
finale (spécifique) marque en général le féminin : ex : cigala (cigalo)
à : comme le a français même à la fin d’un mot : ex : farà (il ou elle fera)
á : prononciation différente selon les dialectes : ex : aviá ( avié, avio…)
e ou é : toujours fermé (fr. été) ex : interés.
è : toujours ouvert (fr. grève) ex : venguèt.
i ou í (fr ; petit) ex : pitre (poitrine), pastís (pâté)
o ou ó (fr ; rouge) ex : roge, pegós (poisseux)
ò (fr. colonie) ex : pichòt
u ou ú (fr ; lune) ex lune, cabús
Les consonnes : par rapport au français on notera qu’en général « r » et « n » à la fin d’un mot ne se prononcent pas : porta(r) jor(n), lapin. Le « s » du pluriel se prononce dans certains dialectes (ne se prononce pas en Provence). Pas de « h » à l’initiale ex istòria (fr ; histoire). lh note le « ill » français ex palha (paille), nh le « gn » français ex montanha (montagne).
Les diphtonges : les voyelles conservent leur valeur. Ex paire, paure, veire, beure, coire, còire, autbòi, lèu, nòu, estiu. Quand deux voyelles consécutives ne forment pas une diphtongue on peut le marquer par un tréma ou un accent aigu : ex. un país, de païses.
Les triphtongues : ieu, uèi, uòu, buòu
Accentuation : les mots ont toujours une syllabe tonique la dernière si elle comporte plusieurs voyelles ou une voyelle suivie de consonnes : ex : occitan, papagai (perroquet). Le « s » du pluriel ne compte pas. Si la dernière syllabe comporte une seule voyelle (éventuellement suivie du « s » du pluriel) le mot est accentué sur l’avant-dernière syllabe. Ex : occitana, las vacanças. Les exceptions à cette règle sont marquées par un accent. Toute syllabe comportant une voyelle accentuée est tonique. Un mot ne peut pas comporter plusieurs accents.